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CONTES ARABES.

mis tout mon bien en sûreté, je me retirerai à Balsora, où je demeurerai jusqu’à ce que la tempête que je prévois, soit passée. L’amitié que j’ai pour Schemselnihar et pour le prince de Perse, me rend très-sensible au mal qui peut leur arriver ; je prie Dieu de leur faire connoître le danger où ils s’exposent, et de les conserver ; mais si leur mauvaise destinée veut que leurs amours aillent à la connoissance du calife, je serai au moins à couvert de son ressentiment ; car je ne les crois pas assez méchans pour vouloir m’envelopper dans leur malheur. Leur ingratitude seroit extrême si cela arrivoit : ce seroit mal payer les services que je leur ai rendus, et les bons conseils que je leur ai donnés, particulièrement au prince de Perse, qui pourroit se tirer encore du précipice, lui et sa maîtresse, s’il le vouloit. Il lui est aisé de sortir de Bagdad comme moi, et l’absence le dégageroit insensiblement d’une passion qui ne fera qu’augmenter tant qu’il s’obstinera à y demeurer. »