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CONTES ARABES.

ment, elle avoit eu l’adresse et la malice de mettre d’un poison très-violent dans la dernière tasse qu’elle lui avoit présentée elle-même.

» Je fus vivement affligé de cet accident. « Que ferai-je, dis-je alors en moi-même ? Que vais-je devenir ? » Comme je crus qu’il n’y avoit pas de temps à perdre, je fis lever par mes gens, à la clarté de la lune et sans bruit, une des grandes pièces de marbre dont la cour de ma maison étoit pavée, et fis creuser en diligence une fosse où ils enterrèrent le corps de la jeune dame. Après qu’on eut remis la pièce de marbre, je pris un habit de voyage avec tout ce que j’avois d’argent, et je fermai tout, jusqu’à la porte de ma maison, que je scellai et cachetai de mon sceau. J’allai trouver le marchand joaillier qui en étoit le propriétaire ; je lui payai ce que je lui devois de loyer, avec une année d’avance ; et lui donnant la clef, je le priai de me la garder : « Une affaire pressante, lui dis-je, m’oblige à m’absenter pour quelque