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LES MILLE ET UNE NUITS,

Par bonheur, l’homme eut à leur donner à chacun assez de quoi se couvrir pour les conduire jusque chez lui. Ils n’y furent pas plutôt arrivés, que leur hôte leur fit apporter à chacun un habit assez propre ; et comme il ne douta pas qu’ils n’eussent grand besoin de manger, et qu’ils seroient bien aises d’être dans leur particulier, il leur fit porter plusieurs plats par une esclave. Mais ils ne mangèrent presque pas, sur-tout le prince de Perse, qui étoit dans une langueur et dans un abattement qui fit tout craindre au joaillier pour sa vie.

Leur hôte les vit à diverses fois pendant le jour ; et sur le soir, comme il savoit qu’ils avoient besoin de repos, il les quitta de bonne heure. Mais le joaillier fut bientôt obligé de l’appeler pour assister à la mort du prince de Perse. Il s’aperçut que ce prince avoit la respiration forte et véhémente ; et cela lui fit comprendre qu’il n’avoit plus que peu de momens à vivre. Il s’approcha de lui, et le prince lui dit : « C’en est fait, comme