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LES MILLE ET UNE NUITS,

sa cadette, comme je ne la vis pas en me mettant à table, j’en demandai des nouvelles à son aînée qui étoit revenue au logis ; mais au lieu de me répondre, elle se mit à pleurer si amèrement, que j’en conçus un présage funeste. Je la pressai de m’instruire de ce que je voulois savoir. « Mon père, me répondit-elle en sanglotant, je ne puis vous dire autre chose, sinon que ma sœur prit hier son plus bel habit, son beau collier de perles, sortit, et n’a point paru depuis. » Je fis chercher ma fille par toute la ville, mais je ne pus rien apprendre de son malheureux destin. Cependant l’aînée qui se repentoit sans doute de sa fureur jalouse, ne cessa de s’affliger et de pleurer la mort de sa sœur : elle se priva même de toute nourriture, et mit fin par-là à ses déplorables jours. Voilà, continua le gouverneur, quelle est la condition des hommes ; tels sont les malheurs auxquels ils sont exposés ! Mais, mon fils, ajouta-t-il, comme nous sommes tous deux également in-