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CONTES ARABES.

Le roi qui ne s’attendoit pas à ce nouveau sujet d’affliction : « Voici, dit-il à son premier ministre, un incident des plus fâcheux, bien différent de l’espérance que vous me donniez tout-à-l’heure. Allez, ne perdez pas de temps : voyez vous-même ce que c’est, et venez m’en informer. »

Le grand visir obéit sur-le-champ, et en entrant dans la chambre du prince, il le trouva assis et fort tranquille, avec un livre à la main, qu’il lisoit. Il le salua, et après qu’il se fut assis près de lui : « Je veux un grand mal à votre esclave, lui dit-il, d’être venu effrayer le roi votre père, par la nouvelle qu’il vient de lui apporter. »

« Quelle est cette nouvelle, reprit le prince, qui peut lui avoir donné tant de frayeur ? J’ai un sujet bien plus grand de me plaindre de mon esclave. »

« Prince, repartit le visir, à Dieu ne plaise que ce qu’il a rapporté de vous soit véritable ! Le bon état où je vous vois, et où je prie Dieu qu’il