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LES MILLE ET UNE NUITS,

nous sachions, vos femmes et moi. »

La princesse de la Chine perdit patience ; elle prit sa nourrice par la tête, en lui donnant des soufflets et de grands coups de poing. « Tu me le diras, vieille sorcière, dit-elle, ou je t’assommerai. « 

La nourrice fit de grands efforts pour se tirer de ses mains. Elle s’en tira enfin, et elle alla sur le champ trouver la reine de la Chine, mère de la princesse. Elle se présenta les larmes aux jeux et le visage tout meurtri, au grand étonnement de la reine, qui lui demanda qui l’avoit mise en cet état.

« Madame, dit la nourrice, vous voyez le traitement que m’a fait la princesse ; elle m’eût assommée si je ne me fusse échappée de ses mains. » Elle lui raconta ensuite le sujet de sa colère et de son emportement, dont la reine ne fut pas moins affligée que surprise. « Vous voyez, madame, ajouta-t-elle en finissant, que la princesse est hors de son bon sens. Vous en jugerez vous-même, si vous prenez la peine de la venir voir. »