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CONTES ARABES.

père décocha une flèche et perça l’estomac du géant, qui chancella et tomba aussitôt sans vie.

« Mon père entra dans la cabane ; il délia les mains de la femme, lui demanda qui elle étoit, et par quelle aventure elle se trouvoit là ? « Seigneur, lui répondit-elle, il y a sur le rivage de la mer quelques familles sarrazines qui ont pour chef un prince qui est mon mari. Ce géant que vous venez de tuer étoit un de ses principaux officiers. Ce misérable conçut pour moi une passion violente qu’il prit grand soin de cacher, jusqu’à ce qu’il pût trouver une occasion favorable d’exécuter le dessein qu’il forma de m’enlever. La fortune favorise plus souvent les entreprises injustes que les bonnes résolutions. Un jour le géant me surprit avec mon enfant dans un lieu écarté ; il nous enleva tous deux ; et pour rendre inutiles toutes les perquisitions qu’il jugeoit bien que mon mari feroit de ce rapt, il s’éloigna du pays qu’habitent les Sarrazins, et nous amena jus-