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CONTES ARABES.

frères, malheureux Codadad ? C’est à moi seule que je dois imputer ta mort : tu as voulu joindre ta destinée à la mienne ; et toute l’infortune que je traîne après moi depuis que je suis sortie du palais de mon père, s’est répandue sur toi. Ô ciel, qui m’avez condamnée à mener une vie errante et pleine de disgrâces, si vous ne vouliez pas que j’aie d’époux, pourquoi souffrez-vous que j’en trouve ? En voilà deux que vous m’ôtez dans le temps que je commence à m’attacher à eux. »

C’étoit par de semblables discours, et de plus touchans encore, que la déplorable princesse de Deryabar exprimoit sa douleur en regardant l’infortuné Codadad qui ne pouvoit l’entendre. Il n’étoit pourtant pas mort ; et sa femme ayant pris garde qu’il respiroit encore, courut vers un gros bourg qu’elle aperçut dans la plaine, pour y chercher un chirurgien. On lui en enseigna un qui partit sur-le-champ avec elle ; mais quand ils furent sous la tente, ils n’y trouvèrent