Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, V.djvu/170

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
160
LES MILLE ET UNE NUITS,

roi qui l’attendoit à la porte du palais pour la recevoir. Il la prit par la main, et la conduisit à l’appartement de Pirouzé, où il se passa une scène fort touchante. La femme de Codadad sentit renouveler son affliction à la vue du père et de la mère de son mari, comme le père et la mère ne purent voir l’épouse de leur fils, sans en être fort agités. Elle se jeta aux pieds du roi ; et après les avoir baignés de larmes, elle fut saisie d’une si vive douleur, qu’elle n’eut pas la force de parler. Pirouzé n’étoit pas dans un état moins déplorable ; elle paroissoit pénétrée de ses déplaisirs ; et le roi frappé de ces objets touchans, s’abandonna à sa propre foiblesse. Ces trois personnes confondant leurs soupirs et leurs pleurs, gardèrent quelque temps un silence aussi tendre que pitoyable. Enfin la princesse de Deryabar étant revenue de son accablement, raconta l’aventure du château et le malheur de Codadad ; ensuite elle demanda justice de la trahison des prin-