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CONTES ARABES.

dins de l’un et de l’autre sexe de la ville de Bagdad étoient appelés. Tous ces divertissemens renouvelés chaque jour par des plaisirs nouveaux, jetèrent Abou Hassan dans des dépenses si prodigieuses, qu’il ne put continuer une si grande profusion au-delà d’une année. La grosse somme qu’il avoit consacrée à cette prodigalité, et l’année finirent ensemble. Dès qu’il eut cessé de tenir table, les amis disparurent ; il ne les rencontroit pas même en quelqu’endroit qu’il allât. En effet, ils le fuyoient dès qu’ils l’apercevoient ; et si par hasard il en joignoit quelqu’un et qu’il voulût l’arrêter, il s’excusoit sur différens prétextes.

Abou Hassan fut plus sensible à la conduite étrange de ses amis qui l’abandonnoient avec tant d’indignité et d’ingratitude, après toutes les démonstrations et les protestations d’amitié qu’ils lui avoient faites, qu’à tout l’argent qu’il avoit dépensé avec eux si mal-à-propos.