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LES MILLE ET UNE NUITS,

de Bagdad est divisée par quartiers ; et que dans chaque quartier il y a une mosquée avec un iman pour faire la prière aux heures ordinaires, à la tête du quartier qui s’y assemble. L’iman est un grand vieillard, d’un visage austère et parfait hypocrite, s’il y en eut jamais au monde. Pour conseil, il s’est associé quatre autres barbons, mes voisins, gens à peu près de sa sorte, qui s’assemblent chez lui régulièrement chaque jour ; et dans leur conciliabule, il n’y a médisance, calomnie et malice qu’ils ne mettent en usage contre moi et contre tout le quartier, pour en troubler la tranquillité et y faire régner la dissention. Ils se rendent redoutables aux uns, ils menacent les autres. Ils veulent enfin se rendre les maîtres, et que chacun se gouverne selon leur caprice, eux qui ne savent pas se gouverner eux-mêmes. Pour dire la vérité, je souffre de voir qu’ils se mêlent de toute autre chose que de leur Alcoran, et qu’ils ne laissent pas vivre le monde en paix. »