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CONTES ARABES.

Après que les crieurs eurent fait ce que le roi leur avoit ordonné, ce prince commanda qu’on mît la mère et la fille hors du palais, et qu’on leur laissât la liberté d’aller où elles voudroient. On ne les vit pas plutôt paroître, que tout le monde s’éloigna d’elles : tant la défense qui venoit d’être publiée avoit fait d’impression sur les esprits. Elles s’aperçurent bien qu’on les fuyoit ; mais comme elles en ignoroient la cause, elles en furent très-surprises ; et leur étonnement augmenta encore, lorsqu’en entrant dans la rue où parmi plusieurs personnes elles reconnurent quelques-uns de leurs meilleurs amis, elles les virent disparoître avec autant de précipitation que les autres. « Quoi donc, dit alors la mère de Ganem, sommes-nous pestiférées ? Le traitement injuste et barbare qu’on nous fait, doit-il nous rendre odieuses à nos concitoyens ? Allons, ma fille, poursuivit-elle, sortons au plus tôt de Damas ; ne demeurons plus dans une