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LES MILLE ET UNE NUITS,

sa femme ; et sans hésiter un moment sur le parti qu’ils avoient à prendre : « Voilà, lui dit-il, la nourrice de la princesse qui vient pour s’informer de la vérité ; c’est à moi à faire encore le mort à mon tour. »

Tout étoit préparé. Nouzhatoul-Aouadat ensevelit Abou Hassan promptement, jeta par-dessus lui la pièce de brocard que Zobéïde lui avoit donnée, et lui mit son turban sur le visage. La nourrice, dans l’empressement où elle étoit de s’acquitter de sa commission, étoit venue d’un assez bon pas. En entrant dans la chambre, elle aperçut Nouzhatoul-Aouadat assise à la tête d’Abou Hassan, tout échevelée et tout en pleurs, qui se frappoit les joues et la poitrine, en jetant de grands cris.

Elle s’approcha de la fausse veuve : « Ma chère Nouzhatoul-Aouadat, lui dit-elle d’un air fort triste, je ne viens pas ici troubler votre douleur, ni vous empêcher de répandre des larmes pour un mari qui vous aimoit si tendrement. » « Ah, bonne mère,