Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, V.djvu/418

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
408
LES MILLE ET UNE NUITS,

ni le mérite ni la valeur, ne fut pas touché de la vue de ces fruits qui n’étoient pas de son goût, comme l’eussent été des figues, des raisins, et les autres fruits excellens qui sont communs dans la Chine. Aussi n’étoit-il pas encore dans un âge à en connoître le prix ; il s’imagina que tous ces fruits n’étoient que du verre coloré, et qu’ils ne valoient pas davantage. La diversité de tant de belles couleurs néanmoins, la beauté et la grosseur extraordinaire de chaque fruit, lui donna envie d’en cueillir de toutes les sortes. En effet, il en prit plusieurs de chaque couleur, et il en emplit ses deux poches et deux bourses toutes neuves que le magicien lui avoit achetées, avec l’habit dont il lui avoit fait présent, afin qu’il n’eût rien que de neuf ; et comme les deux bourses ne pouvoient tenir dans ses poches qui étoient déjà pleines, il les attacha de chaque côté à sa ceinture ; il en enveloppa même dans les plis de sa ceinture, qui étoit d’une étoffe de soie ample et à plu-