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LES MILLE ET UNE NUITS,

« Ma mère, avant toute chose, je vous prie de me donner à manger ; il y a trois jours que je n’ai pris quoi que ce soit. » Sa mère lui apporta ce qu’elle avoit, et en le mettant devant lui : « Mon fils, lui dit-elle, ne vous pressez pas ; cela est dangereux ; mangez peu-à-peu et à votre aise, et ménagez-vous dans le grand besoin que vous en avez. Je ne veux pas même que vous me parliez : vous aurez assez de temps pour me raconter ce qui vous est arrivé, quand vous serez bien rétabli. Je suis toute consolée de vous revoir, après l’affliction où je me suis trouvée depuis vendredi, et toutes les peines que je me suis données pour apprendre ce que vous étiez devenu, dès que j’eus vu qu’il étoit nuit, et que vous n’étiez pas revenu à la maison. »

Aladdin suivit le conseil de sa mère, il mangea tranquillement et peu-à-peu, et il but à proportion. Quand il eut achevé : « Ma mère, dit-il, j’aurois de grandes plaintes à vous faire sur ce que vous m’avez aban-