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LES MILLE ET UNE NUITS,

chant oncle s’étoit donné tant de mouvement, et avoit entrepris un si long et si pénible voyage, puisque c’étoit pour parvenir à la possession de cette lampe merveilleuse, qu’il avoit préférée à tout l’or et l’argent qu’il savoit être dans les salles, et que j’ai vu moi-même, comme il m’en avoit averti. Il savoit trop bien le mérite et la valeur de cette lampe, pour ne demander autre chose d’un trésor si riche. Puisque le hasard nous en a fait découvrir la vertu, faisons-en un usage qui nous soit profitable, mais d’une manière qui soit sans éclat, et qui ne nous attire pas l’envie et la jalousie de nos voisins. Je veux bien l’ôter de devant vos yeux, et la mettre dans un lieu où je la trouverai quand il en sera besoin, puisque les génies vous font tant de frayeur. Pour ce qui est de l’anneau, je ne saurois aussi me résoudre à le jeter : sans cet anneau vous ne m’eussiez jamais revu ; et si je vivois à l’heure qu’il est, ce ne seroit peut-être que pour peu de momens. Vous me permettrez