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LES MILLE ET UNE NUITS,

il jetta ses points, il en tira les figures, et il en format l’horoscope. En examinant l’horoscope pour en porter jugement, au lieu de découvrir qu’Aladdin fût mort dans le souterrain, il découvrit qu’il en étoit sorti, et qu’il vivoit sur terre dans une grande splendeur, puissamment riche, mari d’une princesse, honoré et respecté.

Le magicien africain n’eut pas plutôt appris par les règles de son art diabolique, qu’Aladdin étoit dans cette grande élévation, que le feu lui en monta au visage. De rage il dit en lui-même : « Ce misérable fils de tailleur a découvert le secret et la vertu de la lampe ! J’avois cru sa mort certaine, et le voilà qu’il jouit du fruit de mes travaux et de mes veilles ! J’empêcherai qu’il n’en jouisse long-temps, ou je périrai. » Il ne fut pas long-temps à délibérer sur le parti qu’il avoit à prendre. Dès le lendemain matin il monta un barbe[1] qu’il

  1. Cheval de cette partie de la côte d’Afrique, qu’on appelle la Barbarie.