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CONTES ARABES.

touché. La princesse et Aladdin mangèrent ensemble, et burent du bon vin vieux du magicien africain. Après quoi, sans parler de leur entretien, qui ne pouvoit être que très-satisfaisant, ils se retirèrent dans leur appartement.

Depuis l’enlèvement du palais d’Aladdin et de la princesse Badroulboudour, le sultan, père de cette princesse, étoit inconsolable de l’avoir perdue, comme il se l’étoit imaginé. Il ne dormoit presque ni nuit ni jour ; et au lieu d’éviter tout ce qui pouvoit l’entretenir dans son affliction, c’étoit au contraire ce qu’il cherchoint avec plus de soin. Ainsi, au lieu qu’auparavant il n’alloit que le matin au cabinet ouvert de son palais, pour se satisfaire par l’agrément de cette vue dont il ne pouvoit se rassasier, il y alloit plusieurs fois le jour renouveler ses larmes, et se plonger de plus en plus dans les profondes douleurs, par l’idée de ne voir plus ce qui lui avoit tant plu, et d’avoir perdu ce qu’il avoit de plus