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LES MILLE ET UNE NUITS,

égard néanmoins aux grandes richesses qui pouvoient m’en revenir, en l’acceptant, je regardois comme une grande perte la cession de la moitié de mes chameaux, particulièrement quand je considérois que le derviche ne seroit pas moins riche que moi. Enfin je payois déjà d’ingratitude un bienfait purement gratuit que je n’avois pas encore reçu du derviche ; mais il n’y avoit pas à balancer : il falloit accepter la condition, ou me résoudre à me repentir toute ma vie d’avoir, par ma faute, perdu l’occasion de me faire une haute fortune.

» Dans le moment même je rassemblai mes chameaux, et nous partîmes ensemble. Après avoir marché quelque temps, nous arivâmes dans un vallon assez spacieux, mais dont l’entrée étoit fort étroite. Mes chameaux ne purent passer qu’un à un ; mais comme le terrain s’élargissoit, ils trouvèrent moyen d’y tenir tous ensemble sans s’embarrasser. Les deux montagnes qui formoient ce vallon en se terminant en un demi--