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CONTES ARABES.

» Mes yeux étoient toujours attachés sur lui, et il ne faisoit pas un pas dans la maison que je ne fusse derrière lui à le suivre. Je faisois la même chose quand le temps lui permettait de faire quelque voyage dans la ville pour ses affaires. J’y étois d’autant plus exact, que je m’étois aperçu que mon attention lui plaisoit, et que souvent, quand il avoit dessein de sortir, sans me donner lieu de m’en apercevoir, il m’appeloit par le nom de Rougeau qu’il m’avoit donné.

» À ce nom, je m’élançois aussitôt de ma place dans la rue ; je sautois, je faisois des gambades et des courses devant la porte. Je ne cessois toutes ces caresses que quand il étoit sorti ; et alors je l’accompagnois fort exactement en le suivant ou en courant devant lui, et en le regardant de temps en temps pour lui marquer ma joie.

» Il y avoit déjà du temps que j’étois dans cette maison, lorsqu’un jour une femme vint acheter du pain. En le payant à mon hôte, elle lui