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CONTES ARABES.

« Oui, me dit cette femme en me regardant de même, c’est la fausse, tu ne t’es pas trompé. »

» Elle continua long-temps à me regarder et à me considérer avec admiration pendant que je la regardois de même. Elle paya le pain qu’elle étoit venue acheter ; et quand elle voulut se retirer, elle me fit signe de la suivre à l’insu du boulanger.

» J’étois toujours attentif aux moyens de me délivrer d’une métamorphose aussi étrange que la mienne. J’avois remarqué l’attention avec laquelle cette femme m’avoit examiné. Je m’imaginai qu’elle avoit peut-être connu quelque chose de mon infortune et de l’état malheureux où j’étois réduit, et je ne me trompois pas. Je la laissai pourtant en aller, et je me contentai de la regarder. Après avoir fait deux ou trois pas, elle se retourna, et voyant que je ne faisois que la regarder sans bouger de ma place, elle me fit encore signe de la suivre.

» Alors, sans délibérer davantage,