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CONTES ARABES.

vailler de son métier. Le voleur alla l’aborder, en lui souhaitant le bon jour ; et comme il se fut aperçu de son grand âge : « Bon-homme, dit-il, vous commencez à travailler de grand matin ; il n’est pas possible que vous y voyiez encore clair, âgé comme vous l’êtes ; et quand il feroit plus clair, je doute que vous ayiez d’assez bons yeux pour coudre ? »

« Qui que vous soyez, reprit Baba Moustafa, il faut que vous ne me connoissiez pas. Si vieux que vous me voyez, je ne laisse pas d’avoir les yeux excellens ; et vous n’en douterez pas quand vous saurez qu’il n’y a pas long-temps que j’ai cousu un mort dans un lieu où il ne faisoit guère plus clair qu’il fait présentement. »

Le voleur eut une grande joie de s’être adressé en arrivant à un homme qui d’abord, comme il n’en douta pas, lui donnoit de lui-même nouvelle de ce qui l’avoit amené, sans le lui demander.

«Un mort, reprit-il avec étonnement ! » Et pour le faire parler : « Pour-