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CONTES ARABES.

« Qui est donc, dit-elle, cet homme si difficile qui ne mange pas de sel ? Votre soupé ne sera plus bon à manger si je le sers plus tard. »

« Ne te fâche pas, Morgiane, reprit Ali Baba, c’est un honnête homme. Fais ce que je te dis. »

Morgiane obéit, mais à contre-cœur. Elle eut la curiosité de connoître cet homme qui ne mangeoit pas de sel. Quand elle eut achevé, et qu’Abdalla eut préparé la table, elle l’aida à porter les plats. En regardant Cogia Houssain, elle le reconnut d’abord pour le capitaine des voleurs, malgré son déguisement ; et en l’examinant avec attention, elle aperçut qu’il avoit un poignard caché sous son habit.

« Je ne m’étonne plus, dit-elle en elle-même, que le scélérat ne veuille pas manger de sel avec mon maître : c’est son plus fier ennemi, il veut l’assassiner ; mais je l’en empêcherai. »

Quand Morgiane eut achevé de servir, ou de faire servir par Ab-