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LES MILLE ET UNE NUITS,

comment cela s’est pu faire. Vous jugerez vous-même de l’état fâcheux où je me suis trouvé lorsque je vous dirai que j’ai passé deux nuits debout et nu en chemise dans une espèce de privé étroit, sans avoir la liberté de remuer de la place où j’étois posé, et sans pouvoir faire aucun mouvement, quoiqu’il ne parût devant moi aucun obstacle qui pût vraisemblablement m’en empêcher. Après cela, il n’est pas besoin de m’étendre plus au long pour vous faire le détail de mes souffrances. Je ne vous cacherai pas que cela ne m’a point empêché d’avoir pour la princesse mon épouse tous les sentimens d’amour, de respect et de reconnoissance qu’elle mérite ; mais je vous avoue de bonne foi qu’avec tout l’honneur et tout l’éclat qui rejaillit sur moi d’avoir épousé la fille de mon souverain, j’aimerois mieux mourir que de vivre plus long-temps dans une si haute alliance, s’il faut essuyer des traitemens aussi désagréables que ceux que j’ai déjà soufferts. Je ne