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LES MILLE ET UNE NUITS,

mirent toute cette foule de spectateurs dans une admiration si grande, qu’ils ne pouvoient se lasser de les regarder et de les conduire des yeux aussi loin qu’il leur étoit possible. Mais les rues étoient tellement bordées de peuple, que chacun étoit contraint de rester dans la place où il se trouvoit.

Comme il falloit passer par plusieurs rues pour arriver au palais, cela fit qu’une bonne partie de la ville, des gens de toutes sortes d’états et de conditions furent témoins d’une pompe si ravissante. Le premier des quatre-vingts esclaves arriva à la porte de la première cour du palais ; et les portiers qui s’étoient mis en haie dès qu’ils s’étoient aperçu que cette file merveilleuse approchoit, le prirent pour un roi, tant il étoit richement et magnifiquement habillé ; ils s’avancèrent pour lui baiser le bas de sa robe ; mais l’esclave instruit par le génie, les arrêta, et il leur dit gravement : « Nous ne sommes que des esclaves ; notre maître paroîtra quand il en sera temps. »