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LES MILLE ET UNE NUITS,

produisoit, il eut trois jours de suite un songe, dans lequel un vieillard vénérable lui apparut avec un regard sévère, qui le réprimandoit de ce qu’il ne s’étoit pas encore acquitté du pélerinage de la Mecque.

Ce songe troubla Ali Cogia et le mit dans un grand embarras. Comme bon Musulman, il n’ignoroit pas l’obligation où il étoit de faire ce pélerinage ; mais comme il étoit chargé d’une maison, de meubles et d’une boutique, il avoit toujours cru que c’étoient des motifs assez puissans pour s’en dispenser, en tâchant d’y suppléer par des aumônes, et par d’autres bonnes œuvres. Mais depuis le songe, sa conscience le pressoit si vivement, que la crainte qu’il ne lui arrivât quelque malheur, le fit résoudre de ne pas différer davantage à s’en acquitter.

Pour se mettre en état d’y satisfaire dans l’année qui couroit, Ali Cogia commença par la vente de ses meubles ; il vendit ensuite sa boutique et la plus grande partie des mar-