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LES MILLE ET UNE NUITS,

il avoit besoin, il prit des ciseaux, dont il étoit muni ; et après avoir attaché son cheval à une branche de l’arbre, il lui dit :

« Bon derviche, j’ai à vous parler, mais votre moustache empêche que je ne vous entende : vous voudrez bien, et je vous prie de me laisser faire, que je vous l’accommode avec vos sourcils qui vous défigurent, et qui vous font ressembler plutôt à un ours qu’à un homme ? »

Le derviche ne s’opposa pas au dessein du prince : il le laissa faire ; et comme le prince, quand il eut achevé, eut vu que le derviche avoit le teint frais, et qu’il paroissoit beaucoup moins âgé qu’il ne l’étoit en effet, il lui dit :

« Bon derviche, si j’avois un miroir, je vous ferois voir combien vous êtes rajeuni. Vous êtes présentement un homme ; et auparavant personne n’eût pu distinguer ce que vous étiez. »

Les caresses du prince Bahman lui attirèrent de la part du derviche un souris, avec un compliment :