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CONTES ARABES.

jeunes gens demandoient à leurs pères de leur donner un état ? Jusqu’à quand me laisserez-vous sans m’établir ? » Mon père me dit : « La plupart de ces marchands seront obligés d’emprunter pour donner un état à leurs enfans. Pour moi, grâce à Dieu, j’ai chez moi de quoi t’établir. Après demain, tu auras une boutique, un fonds de commerce, et je te mettrai en état de vendre et d’acheter. »

» Le lendemain, mon père alla au quartier des marchands : il me loua une boutique, et la garnit de marchandises de toutes espèces pour la valeur de deux mille piastres[1]. Le surlendemain, je me rendis à ma boutique, et j’en fis l’ouverture : je vendis, j’achetai, je reçus, je donnai ; j’étois fort content de moi-même et de mon nouvel état. Les voisins vinrent me voir, et me souhaitèrent toutes sortes de prospérités.

» J’allois ainsi tous les matins à mon magasin, et je commençois, au

  1. La piastre vaut environ trois francs.