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CONTES ARABES.

gnez rien, mon enfant, me dit la vieille, qui s’aperçut de mon embarras : on n’a pas intention de vous tromper. » « Allons, me dis-je alors, pourquoi ne tenterois-je pas la fortune ? Combien d’autres se sont enrichis par de pareils coups de hasard ! Que risqué-je en suivant cette vieille, et que peut-il arriver à un homme qui a un peu de courage ? » Sur cela je fermai ma boutique, et je partis avec la vieille.

« Lorsque nous eûmes fait la moitié du chemin, la vieille me fit arrêter, et me dit : « Mon enfant, il faut toujours avoir de la prévoyance dans ce monde, et prendre ses précautions. Vous allez entrer chez nous, et voir la jeune personne : si elle ne vous plaît pas, vous vous en irez ; telles sont nos conventions ; mais vous pourriez alors publier cette aventure, et nous déshonorer. Le seul moyen de nous garantir de cet inconvénient, c’est que je vous bande les yeux, afin que vous ne sachiez point par où vous serez venu, ni