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CONTES ARABES.

étoit mon épouse ? Je lui dis qu’elle étoit d’une beauté incomparable ; mais que je ne savois à qui elle appartenoit. Un de ceux qui étoient là dit alors à mon père : « Il est inutile de le questionner. Ne voyez-vous pas l’habit qui est sur lui ? Jamais personne n’en a porté de pareil : ce ne peut être que l’ouvrage des génies qui l’ont enlevé, et l’ont ainsi habillé ; mais il ne sait où ils l’ont transporté. » Chacun fut frappé de ce discours ; on se tut, et l’on ne me fit plus aucune question.

« Je restai deux jours avec mon père et ma mère. Le troisième jour je dis à mon père que j’avois envie d’aller à ma boutique. Il en fut bien aise, et vint avec moi. Dès que je fus assis dans ma boutique, je m’aperçus que tous ceux qui passoient s’arrêtoient pour me considérer, et disoient : « Voilà celui que les génies ont enlevé. » On ne cessa de venir me regarder ainsi durant tout le jour. Le lendemain et les jours suivans ce fut encore la même chose.