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CONTES ARABES.

fut installé dans le métier, il se dit à lui-même :

« Quelle étrange situation ! Quel changement ! Après avoir été calife, avoir joui d’une autorité sans bornes, avoir vécu dans la magnificence et les plaisirs, je suis aujourd’hui réduit à lécher des plats ! J’ai voulu voir des choses extraordinaires : assurément rien n’est plus extraordinaire que mon aventure ; de calife, je suis devenu le valet d’un traiteur. Mais c’est ma faute. Qu’avois-je besoin de vouloir éprouver moi-même la puissance de ce magicien ? »

Au bout de quelques jours, le calife passa dans le marché des joailliers. Ils étoient en grand nombre et faisoient un grand commerce dans cette ville, parce qu’on pêchoit dans la mer qui en est proche beaucoup de perles, de diamans et de corail. Tandis qu’il étoit dans ce marché, il lui prit envie de se faire courtier plutôt que de continuer à servir un traiteur. Le lendemain il vint au marché de grand matin, et s’annonça comme courtier.