Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, VIII.djvu/244

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
194
LES MILLE ET UNE NUITS,

roîtroit une foible récompense pour un si grand service ! »

Abou Shomaïk voyant l’affliction du roi, s’approcha de lui, se prosterna à ses pieds, et lui dit : « Prince, tout sujet qui désobéit à son maître, doit être puni de mort. Je vous ai désobéi, ordonnez qu’on me tranche la tête. » Sencharib étonné, demanda à Abou Shomaïk en quoi il lui avoit désobéi ? « Vous m’aviez ordonné, reprit celui-ci, de faire mourir le sage Hicar. Persuadé qu’il étoit innocent, et que bientôt vous vous repentiriez de l’avoir perdu, je l’ai caché dans un lieu secret, et j’ai fait mourir un de ses esclaves à sa place. Hicar est encore plein de vie, et si vous voulez, je vais l’amener devant vous. Maintenant, ô roi, ordonnez ma mort, ou faites grâce à votre esclave ! »

Le roi ne put d’abord ajouter foi à ce discours. Mais Abou Shomaïk lui ayant juré plusieurs fois qu’Hicar étoit encore en vie, il se leva transporté de joie, ordonna qu’on le fît venir, et