Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, VIII.djvu/280

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
230
LES MILLE ET UNE NUITS,

soin. » À ces mots ils versèrent l’un et l’autre un torrent de larmes, laissèrent l’enfant à côté de la fontaine, après avoir mis près de sa tête une bourse qui contenoit mille pièces d’or, remontèrent à cheval et continuèrent à fuir.

Dieu permit que des voleurs qui avoient attaqué une caravane près de cette montagne, et qui s’étoient emparés de tout le bagage des voyageurs, vinrent dans cet endroit pour partager entr’eux le butin. Ayant aperçu l’étoffe de soie, ils s’approchèrent, trouvèrent l’enfant qui étoit emmaillotté dedans, et tout auprès la bourse remplie d’or. « Grand Dieu, s’écria l’un d’eux saisi d’étonnement, comment cet enfant se trouve-t-il ici ? Quel crime, quelle barbarie l’a fait ainsi abandonner ? » Le chef des voleurs, après avoir partagé l’or à sa troupe, prit l’enfant dans ses bras, et résolut de l’élever comme son fils. Il le nourrit lui-même de lait et de dattes, jusqu’à ce qu’il fût arrivé à l’endroit où il faisoit sa demeure ; et là, il lui donna une nourrice.