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LES MILLE ET UNE NUITS,

avois jusqu’ici bien répondu à ma confiance ; je t’avois élevé au-dessus de tous les grands qui m’entourent, pourquoi as-tu voulu attenter à mon honneur, et es-tu entré dans l’appartement de la reine ? Comment le souvenir des bienfaits dont je t’ai comblé ne t’a-t-il pas retenu ? »

Le jeune homme, sans paroître effrayé de la colère du roi et des apprêts du supplice qu’il sembloit ne pouvoir éviter, répondit avec tranquillité : « Sire, je n’ai pas commis volontairement et de propos délibéré l’action qui me fait paroître criminel : je n’avois aucune raison de m’introduire dans cet appartement ; mais j’y ai été poussé par mon malheureux sort. Jusqu’ici j’ai tâché de me garantir de toutes fautes, et de me préserver de tout accident ; mais personne ne peut surmonter son destin, et tous les efforts sont inutiles contre la mauvaise fortune. C’est ce que prouve évidemment l’exemple de ce marchand, qui devoit être un jour malheureux, et dont les peines et