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CONTES ARABES.

plaire à plusieurs de ceux qui vous entourent, me faire des ennemis, et exciter contre moi la jalousie. » Le roi ne voulut pas recevoir les excuses d’Aboutemam, et l’assura qu’auprès de sa personne il n’avoit rien à craindre des méchans et des envieux.

» Aboutemam, forcé d’obéir au roi, venoit tous les jours lui faire sa cour, et lui offroit de temps en temps des présens. Le roi ne tarda pas à reconnoître son mérite et sa prudence : il le prit en affection, et lui confia le soin de sa maison et des affaires de son royaume. Dès-lors tout se trouva dans la dépendance d’Aboutemam ; le roi ne prenoit conseil que de lui ; rien ne se faisoit que par lui : il ordonnoit et défendoit, lioit et délioit avec une puissance absolue.

» Le roi avoit eu auparavant trois visirs qui ne s’éloignoient pas de sa personne ni jour ni nuit. Écartés entièrement du gouvernement depuis l’élévation d’Aboutemam, ils avoient conçu contre lui la jalousie la plus