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LES MILLE ET UNE NUITS,

enfans ayant demandé avec empressement quel étoit ce service, un des visirs leur dit :

« Aboutemam nous a fait perdre la confiance du roi : nous voudrions l’éloigner de la cour. Quand vous serez seuls avec le roi dans sa chambre, et que vous le verrez s’appuyer pour dormir, l’un de vous dira à l’autre :

« Il faut qu’Aboutemam soit bien méchant pour traiter ainsi le roi, qui l’a comblé de biens et de faveurs. » « Quelle est donc sa méchanceté dira l’autre ? » « Il attaque l’honneur du roi, dira le premier : il prétend que le roi du Turquestan faisoit mourir tous ceux qui venoient lui demander sa fille ; qu’il n’a été épargné, que parce qu’il a eu le bonheur de plaire à la princesse, et qu’elle n’est venue ici que pour l’amour de lui, et non par amour pour le roi. » « Es-tu sûr de cela, dira le second ? » « Si j’en suis sûr, dira le premier : tout le monde le sait ; mais on n’ose en parler au roi. Toutes les fois que le roi est à la