Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, VIII.djvu/447

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
397
CONTES ARABES.

faire périr la moitié de ceux qui sont ici : comment donc hésiterois-je à faire périr un jeune homme que je tiens en ma puissance, dont le crime n’est que trop prouvé, et dont le crime mérite la mort ? Mais la grandeur même du crime me fait retarder sa punition. Je ne prolonge la vie du coupable que pour pouvoir lui reprocher son forfait, et en faire voir de plus en plus l’atrocité. Je soulage par ces reproches répétés, et mon ressentiment, et le ressentiment que tout mon peuple doit avoir de mon injure. »

Le roi Azadbakht ordonna alors qu’on fit venir le jeune homme. « J’ai trop long-temps, lui dit-il, différé ton supplice. Tout le peuple murmure et blâme ma conduite. Le mécontentement s’est fait entendre jusqu’au pied de mon trône. Je dois aujourd’hui satisfaire l’indignation publique, et je ne veux plus entendre tes discours. »

« Ô Roi, reprit le jeune homme, je suis cause, dit-on, que votre peuple murmure contre vous. Mais si