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CONTES ARABES.

esclave et lui ordonna de porter ce plat à la princesse de Perse, en lui disant de sa part, que c’étoit le gage de la paix qu’il devoit faire ce soir avec elle. L’esclave prit le plat, le remit à la vieille, en lui rapportant les paroles du calife, et s’en retourna fort affligé de n’avoir pu manger un seul des gâteaux. Il en avoit été fort tenté ; mais comme ils étoient assez gros, il avoit craint que s’il en prenoit un, on ne remarquât la place vuide.

La princesse ayant vu le plat de gâteaux, commanda à la vieille de le porter au jeune homme qui lui avoit donné à boire, pour le remercier de sa politesse. La vieille sortit aussitôt pour exécuter cet ordre. Elle eut aussi, chemin faisant, grande envie de goûter des gâteaux, et déjà elle en avoit pris un ; mais, voyant le vuide qui paroissoit, elle craignit qu’on ne s’aperçût de sa gourmandise et le remit à sa place. Elle trouva le jeune homme assis près de la porte de sa maison, le salua et lui dit : « Mon enfant, la jeune personne pour qui je vous ai demandé