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XVIII

LES CARABIQUES

Émile avait bien ri ; oh ! comme il avait ri, le petit Émile ! Voici pourquoi. Il cherchait des insectes dans le jardin, pour les apporter à l’oncle et en savoir l’histoire. — Quel est celui-ci qui s’avance d’un pas empressé, avec ses élytres plus luisantes que le cuivre des chaudrons de mère Ambroisine ? C’est la jardinière, c’est le carabe doré. Il traîne par la patte un hanneton éventré ; de temps en temps il s’arrête pour fouiller avec ses mandibules dans les entrailles du hanneton, dont il semble boire les sucs avec une avidité féroce ; puis il reprend sa course. Où va-t-il ? Il va dans quelque touffe de gazon dévorer à l’aise sa capture. — Émile survient trop précipitamment ; le carabe effrayé laisse le hanneton et poursuit son chemin. L’enfant le surveille à distance pour voir ce qu’il adviendra. — Ah ! quel est cet autre qui trottine sur ses petites pattes ? Il est allongé ; son corselet est d’un noir luisant, ses élytres ont la couleur de l’écorce d’orange. Trottine bien, pauvret, le carabe t’a vu ! Il n’est plus temps : la jardinière le renverse sur le dos pour lui percer le ventre. Émile s’avance bien doucement sur la pointe des pieds et regarde. — Toc ! fait