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LES RAVAGEURS

ble les carabiques. Il y en a de plus grands que la jardinière, mais il y en a davantage de plus petits. Fréquemment ils ont une couleur métallique, pareille à celle de l’or, du bronze, du cuivre ; il y en a d’un vert ou d’un bleu luisant ; d’autres sont bruns, d’autres sont noirs. Tous se reconnaissent à leur forme dégagée, rappelant celle du carabe doré ; à leur démarche vive, à leurs mandibules crochues, à leurs antennes fines, à leur absence d’ailes le plus souvent. Les carabiques sont les tigres de la classe des insectes ; ils vivent tous de proie et sont ainsi pour nous de précieux auxiliaires dans la guerre que nous avons à soutenir contre l’engeance dévorante. Sans le secours de leurs appétits carnassiers, les ravageurs pulluleraient au point de nous menacer chaque année de la famine. Comme ils sont bien armés pour leur travail d’extermination ! Une taille bien prise et dégagée, de longues jambes, leur permettent d’atteindre le gibier à la course ; l’étui des élytres, serrant de près le corps, les met à l’abri d’un coup désespéré ; des mandibules pointues, recourbées en crocs, servent à éventrer la proie. Ce n’est pas tout : ils rejettent une salive noire dont l’âcreté envenime sans doute la blessure et rend la mort plus prompte ; beaucoup lancent par le derrière un jet de liquide corrosif, dont l’odeur forte met en fuite l’ennemi. Reçu dans les yeux, ce jet provoque une cuisante douleur, comme le ferait le vinaigre. Enfin il y en a de tout petits, d’un magnifique bleu d’azur, qui lancent de la même manière un liquide explosionnant à l’air, avec fumée blanche et bruit. Quand ils sont poursuivis de trop près, ils s’arrêtent sans se retourner, relèvent un peu le bout