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II

LA CHENILLE

Le dégât fut raconté à l’oncle, qui, pour les consoler, leur promit un autre lilas tout aussi beau que le premier. Puis, réfléchissant un instant :

Ce n’est pas possible, fit-il, le vent n’a pas été assez fort pour casser un arbuste de cette grosseur ; quelque ravageur a commencé le mal, que le vent de cette nuit a achevé.

Jules. — Un ravageur, un ravageur ?… Mais il n’y a pas dans le village de méchant qui prenne plaisir à faire de la peine aux autres en venant de nuit saccager leur jardin.

Paul. — Je le sais, mon enfant ; aucun ici ne se permettrait une aussi laide action. Le ravageur dont je parle doit être un ver, une chenille. Allons voir le lilas.

L’oncle avait rencontré juste. La tige de l’arbrisseau était percée d’un trou rempli de bois mâché ; et de ce trou partait un conduit tortueux qui paraissait remonter bien haut, presque jusqu’aux branches. Sur tout le trajet de ce long canal, allant tantôt un peu d’ici, tantôt un peu de là, le bois était réduit en une sorte de sciure brune, de sorte que la tige ne tenait guère que par l’écorce.