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LE BOMBYX DISPARATE

trouvant en nombre, des cantons entiers ont été ravagés comme par le feu.

La métamorphose a lieu en été. La chenille se réfugie alors dans quelque crevasse de l’écorce des arbres, entre les pierres des murailles, sous les corniches des murs, et se file un misérable cocon de soie grise, si mince, si troué, que la chrysalide y est à peine renfermée. C’est plutôt un réseau qu’un cocon. Parfois même la matière à soie fait tellement défaut que la chrysalide est simplement suspendue par la queue sous quelque abri. L’insecte parfait éclôt en fin juillet. Immédiatement après, la ponte a lieu.

Pour détruire ce bombyx, on fait la chasse aux œufs et aux chenilles. L’automne et l’hiver, on recherche les œufs, faciles à reconnaître à leur matelas de poils roux, et placés d’habitude à la portée des yeux, à une faible hauteur sur le tronc des arbres. Aussitôt recueillis, on les passe par le feu. La chasse aux chenilles se fait pendant l’été. Au moment de la plus forte chaleur du jour, les chenilles se réfugient sous les grosses branches et s’y rassemblent en rangées parallèles ; d’autres fois, elles se retirent dans quelque pli de l’écorce. Avec un tampon emmanché au bout d’une perche, on les écrase sur place.

Terminons par le joli papillon que voici. On le nomme bombyx tête-bleue, à cause de la couleur bleuâtre de sa tête. Les ailes supérieures sont brunes avec deux taches pâles en forme de haricot accolées l’une à l’autre ; les ailes inférieures sont d’un gris cendré avec un trait noir au bord. La tête et le devant du corselet sont d’un bleu cendré. Sa chenille vit sur le pêcher, l’abricotier, l’amandier, le cerisier,