l’ordre des saisons comme s’il savait l’almanach par cœur.
Paul. — Je ne vous ai pas tout dit. Un autre motif guide le papillon dans son choix. En déposant ses œufs sur une feuille, le bombyx met la nourriture à la portée immédiate des jeunes chenilles, qui n’ont pas besoin, en sortant de la coque, d’aller courir sur les rameaux, chose toujours périlleuse en ce premier âge. Il évite à sa famille le souci des vivres au moment de l’éclosion, et c’est autant de gagné sur les mauvaises chances qui nous attendent tous en ce monde, gens, bombyx et chenilles.
Jules. — S’il avait la raison, il ne ferait pas mieux.
Paul. — Peut-être ferait-il moins bien, mon enfant. Manque-t-il de gens, hélas ! qui n’ont pas sa prévoyance ? Le papillon laisse à ses chenilles une feuille pour héritage, une feuille à mettre sous la dent ; le dissipateur, le fainéant laissent à leur famille l’affreuse misère. Ces gens-là n’ont pas la sagesse de la bête.