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XXXI

LE COUPE-BOURGEONS

Paul. — Les attelabiens, vous disais-je, forment une petite tribu dans la nombreuse famille des coléoptères à bec ou charançons. Ils sont tous remarquables par la richesse de leur coloration. Vous connaissez déjà le rhynchite de la vigne et celui du peuplier, qui rivalisent d’éclat avec l’or ; je vous ai parlé de l’attelabe, coloré d’un vif carmin. Maintenant que dites-vous de celui-ci ? Il est d’un violet brillant, avec des reflets bleus que fait ressortir le délicat duvet dont tout le corps est couvert. La pourpre de nos plus riches tissus de soie n’a pas cette magnificence.

Émile. — Oh ! la jolie petite bête ! Que sait-elle faire avec son bel habit ?

Paul. — Rien de bon pour nous, mon enfant. Le signe d’un métier utile n’est pas dans l’éclat du costume, pas plus chez les insectes que chez l’homme. Le costume de l’abeille est d’un brun modeste, et l’abeille travaille à composer le miel ; celui du charançon que je vous montre est d’une rare somptuosité, et l’élégant porte-bec vit à nos dépens. Si vous avez dans le jardin de belles prunes, ou des poires,