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LES RAVAGEURS

piéride du chou. Les ailes sont blanches, les supérieures ont l’extrémité noire et deux ou trois taches de la même couleur sur leur milieu.

Émile. — Ce papillon, je le vois voler partout.

Paul. — C’est, en effet, un des plus répandus. Sa chenille est verdâtre. Elle est ornée de petits points noirs et de trois lignes longitudinales jaunes. Elle ne file pas de cocon pour se métamorphoser. La chrysalide est tachetée de jaune et de noir. On la trouve au voisinage des lieux où la chenille a vécu, suspendue aux murailles, aux arbres, d’une façon très ingénieuse. Avant de se dépouiller de sa peau, la chenille bave le peu de liquide à soie dont elle dispose et se colle le bout de la queue contre l’emplacement choisi ; puis elle file une fine ceinture qu’elle se passe en travers du corps et dont elle fixe les extrémités à droite et à gauche sur la pierre du mur ou l’écorce du rameau. Ces préparatifs faits, la chrysalide apparaît, maintenue solidement en place : sa pointe inférieure est collée contre le rameau, sa moitié supérieure repose sur le lien de soie.

Émile. — Sans aucun cocon pour la protéger ?

Paul. — Sans aucune espèce de cocon ; aussi dit-on de cette chrysalide qu’elle est nue.

Beaucoup d’autres chenilles sont dans le même cas : n’ayant à leur usage qu’une pauvre gouttelette de liquide à soie, quantité bien insuffisante pour se faire un cocon, elles se contentent, au moment de la métamorphose, de se coller par la queue et de s’entourer d’une ceinture. Il est à remarquer que les papillons dont les chenilles ne se filent pas de cocon ont tous les antennes très fines et terminées par un