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LES RAVAGEURS

de la terre, de la râpure de bois, des débris de feuilles, les poils de leurs corps. La chenille de la noctuelle s’enfonce à une petite profondeur dans le sol pour se métamorphoser ; elle incorpore beaucoup de terre à son maigre tissu de soie.

Le papillon qui sort de ce grossier cocon a les ailes supérieures brunes, avec des lignes transversales ondulées, noirâtres et blanches, et vers le milieu une tache ovale, pointillée de blanc. Les ailes inférieures sont blanchâtres, plus obscures sur les bords. La chenille est d’un vert ou d’un jaune sale. Elle a sur le dos une ligne longitudinale obscure, et de chaque côté une raie noire interrompue. Plus bas, au-dessus des pattes, se trouve une bande jaunâtre. Cette chenille éclôt en mai. Elle broute d’abord les feuilles extérieures ; puis, devenue grande, elle s’enfonce au cœur du chou pommé ou du chou-fleur, et, sans reparaître au dehors, dévore en paix les parties les plus tendres. La déloger alors est assez difficile. On peut essayer cependant l’eau de savon ou bien l’eau de chaux. On saupoudre les choux d’une pincée de chaux délitée à l’air, et quelques heures après on les arrose légèrement. L’àcreté du liquide peut faire périr la chenille sans endommager la plante.

Louis. — Je préférerais détruire les chenilles avant qu’elles aient pénétré dans le chou, quand elles mangent les feuilles vertes de l’extérieur.

Paul. — Évidemment, c’est préférable. Autant que possible, ne donnons pas à l’ennemi le temps de gagner un refuge où il serait difficile de l’atteindre.

À défaut de choux pommés et de choux-fleurs, la même chenille attaque beaucoup d’autres plantes