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LES NOCTUELLES

potagères ; elle est du nombre de ces voraces mangeurs qui ne font pas de distinction entre le goût d’une plante et celui d’une autre. Je dois en dire autant de la chenille du papillon que voici, chenille très commune dans la plupart des jardins, où elle se nourrit indifféremment de choux, d’épinards, de laitues, des feuilles du groseillier, du framboisier. La goulue ne respecte pas même les parterres ; de nuit, elle grimpe sur les hautes tiges des dahlias pour en manger les fleurs.

Jules. — C’est bon à savoir. J’ai dans mon jardin trois pieds de dahlias qui, cet automne, me donneront de bien belles fleurs. Je surveillerai de près la chenille, mais avant il faut la connaître.

Paul. — Elle est verte ou d’un brun clair, avec des points blancs, trois lignes longitudinales blanches sur le dos et une bande jaune de chaque côté. Le papillon a les ailes supérieures couleur de rouille, et les ailes inférieures d’un blanc sale bordées de noir. En outre, les ailes supérieures sont ornées de raies transversales obscures, d’une raie blanche sinueuse dont le milieu figure la lettre M, et de deux taches jaunes. La chenille se métamorphose en terre, où elle passe l’hiver à l’état de chrysalide.

Avec les deux papillons qui précèdent se classe ce troisième nommé noctuelle gamma. Sa chenille se nourrit de diverses plantes potagères, notamment des pois et des épinards. Elle est verte, hérissée de poils fins et courts, avec six lignes longitudinales bleuâtres ou blanches et une bande jaune de chaque côté. Le papillon est très joli et facile à reconnaître à ses ailes supérieures d’un gris soyeux, marbrées