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XXXIX

LES ANIMAUX VENIMEUX

Paul. — Tous les animaux venimeux agissent à la manière de l’abeille, de la guêpe et du frelon. Avec une arme spéciale, aiguillon, croc, dard, lancette, placée tantôt en un point du corps, tantôt en un autre, suivant l’espèce, ils font une légère blessure dans laquelle s’infiltre une goutte de venin. L’arme n’a d’autre effet que d’ouvrir une route au liquide venimeux, et c’est celui-ci qui provoque le mal. Pour que le venin agisse en nous, il faut qu’il soit mis en contact avec notre sang par une blessure qui lui ouvre le chemin. Mais il ne produit absolument rien sur la peau, à moins qu’il n’y ait déjà une entaille, une simple égratignure qui lui permette de pénétrer dans les chairs et de se mélanger avec le sang. Le venin le plus terrible peut être manié sans péril aucun, si la peau ne présente pas d’écorchure. Bien plus, on peut le mettre sur les lèvres, sur la langue, l’avaler même, sans qu’il en résulte rien de fâcheux. Déposé sur les lèvres, le venin de la grosse guêpe ou frelon ne produit pas plus d’effet que l’eau claire ; mais la douleur serait atroce si le point touché présentait la moindre écorchure. Le venin de