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LES RAVAGEURS

sans trop s’en préoccuper ; évitons de même les crochets des araignées sans jeter de hauts cris à la vue de l’un de ces animaux.

Émile. — On dit que les araignées avalées par mégarde peuvent faire du mal et même empoisonner. Un de mes camarades me racontait qu’ayant mis une nichée de jeunes oiseaux dans une cage, il vit les parents, pour leur épargner les souffrances de la captivité, les empoisonner en leur donnant la becquée avec des araignées à travers les barreaux.

Paul. — Ce camarade se trompait grossièrement. Les pauvres petits moururent peut-être d’ennui, peut-être de faim, mais à coup sûr ils ne furent pas empoisonnés par leurs parents, surtout avec des araignées, qui sont un régal pour beaucoup d’oiseaux. Les araignées ne sont pas vénéneuses.

Émile. — Vous disiez cependant, mon oncle, qu’à la rigueur elles étaient venimeuses, du moins pour les mouches prises dans leurs toiles.

Paul. — Vous confondez, mon petit ami, venimeux avec vénéneux. Venimeux se dit d’une chose qui, introduite dans le sang au moyen d’une blessure quelconque, provoque des accidents plus ou moins graves, à la manière du venin de la guêpe et de la vipère. Vénéneux se dit d’une chose qui, avalée, introduite dans l’estomac, peut faire du mal. Les poisons sont vénéneux : ils tuent quand on les mange, quand on les boit. Le liquide qui suinte des crochets de la vipère et du dard du scorpion est venimeux : il tue quand il se mélange avec le sang ; mais il n’est pas vénéneux, car on peut impunément l’avaler. Nous avons dans nos pays un assez grand nombre