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LES ICHNEUMONS

sur la chenille choisie. Avec une prestesse qui vous donne à peine le temps de voir l’opération, il darde sa tarière et pond un œuf dans la plaie.

Émile. — Et la chenille ne se défend pas ?

Paul. — Elle se démène vivement, mais c’est tout. La misérable bête ne peut se défendre contre un ennemi soutenu en l’air, à distance, par ses ailes, et toujours prêt à s’envoler. Les autres chenilles du troupeau sont ainsi attaquées une à une jusqu’à ce que l’ichneumon ait terminé sa ponte.

Jules. — Chaque chenille ne reçoit qu’un œuf ?

Paul. — Cela dépend de la grosseur de l’hyménoptère. S’il est de grande taille, l’ichneumon n’introduit qu’un œuf dans chaque chenille, afin que les larves aient individuellement assez de nourriture ; s’il est petit, il en introduit plusieurs.

Émile. — Et puis, qu’arrive-t-il ?

Paul. — L’ichneumon parti, les chenilles piquées se consolent vite et se remettent à manger. La piqûre, non empoisonnée avec du venin, est peu douloureuse ; d’ailleurs il en faudrait bien davantage pour leur troubler l’appétit. Tout va pour le mieux pendant quelques jours, tant que les œufs ne sont pas éclos.

Émile. — Ces œufs éclosent dans le ventre des chenilles ?

Paul. — Oui.

Émile. — Et aussitôt écloses, les petites larves de l’ichneumon se mettent à dévorer l’intérieur de la chenille ?

Paul. — C’est cela même.

Émile. — Quelles atroces coliques alors pour ces pauvres chenilles !